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Cher.es Abonné.es,
Comme vous le savez, le contexte inédit de la hausse des coûts de l’énergie pèse très lourdement sur l’économie des équipements privés et publics. Avec plus de 12 000 m2 d’espace à alimenter en gaz et en énergie, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image est confrontée à une augmentation très importante de ses dépenses en énergie et doit prendre, dès le début 2023, des mesures pour réduire ses consommations.
A partir du 1er janvier et jusqu’à la fin avril, la salle de lecture de la bibliothèque sera donc fermée. Pour que vous puissiez continuer à emprunter des ouvrages, nous mettrons en place, à partir du 1er février un service de « click and collect ». Les modalités de réservations vous seront communiquées dans le courant du mois de janvier 2023. Les retours de prêts sont ainsi reportés au 15 février 2023.
L’accueil du public sera transféré, sur la période précitée, du Vaisseau Moebius aux Chais Magelis.
Le reste de notre activité - musée, cinéma, librairie centre de documentation – ne sera pas impacté par ces mesures et l’accueil du Festival International de la Bande Dessinée, fin janvier, se déroulera normalement.
Nous sommes bien conscients des désagréments causés par cette situation et mettons tout en œuvre pour retrouver aux beaux jours un mode de fonctionnement nous permettant de vous offrir le meilleur service possible.
En vous remerciant par avance de votre compréhension, nous vous souhaitons de très belles fêtes de fin d’année.
L’équipe de la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image
Raymond Macherot (1930-2008)
Raymond Macherot naît le 30 mars 1924 à Verviers, dans les Ardennes belges, région à laquelle il restera fidèle toute sa vie, si l'on excepte quelques courts séjours à Bruxelles. Dessinateur dès sa plus tendre enfance, il lit Tintin, Les Pieds Nickelés de Forton et les albums illustrés de Benjamin Rabier. A l'adolescence, il découvrira la BD réaliste américaine (Milton Caniff, Alex Raymond, etc.) et surtout les graveurs de la grande école japonaise (Hokusai, Utamaro, Hiroshige...) qui restent sa principale influence artistique. L'invasion allemande de 1940 le pousse sur les routes de Belgique puis de France. En quelques semaines, il accomplit à bicyclette un périple qui le conduit jusque dans le sud-ouest de la France, où il est recueilli par des habitants du cru. C'est là qu'il découvre vraiment la campagne, et que se révèle l'amour qu'il portera toute sa vie à la nature. Il reste en France quelques mois avant d'être rapatrié vers sa famille. Dans les derniers mois de la seconde guerre mondiale, il s'engage dans la Marine belge, et passe ensuite près d'un an dans le port anglais de Plymouth. Ce séjour outre-Manche le marquera durablement, et l'on trouve dans son œuvre de nombreuses traces de son anglophilie, dans Clifton en particulier.
Rendu à la vie civile, il tente sa chance dans le journalisme, assurant la rubrique des chiens écrasés dans "Le Courrier du soir" de Verviers. Il est mis au chômage au bout de quelques mois et se reconvertit dans le dessin d'humour. Sous le pseudonyme de Zara, il publie quelques gags très inspirés de l'américain Virgil Partch dans l'hebdomadaire "Pan".
En 1952, il propose au journal "Tintin" Le Chevalier blanc, un récit médiéval dont le scénario est retenu, mais le dessin confié à Liliane et Fred Funcken qui poursuivront ensuite seuls la série.
Il intègre dans le même temps le studio des éditions du Lombard, où il apprend les ficelles du métier de dessinateur, tout en publiant quelques histoires complètes. Amusé par quelques croquis de souris que Macherot a réalisés pour le plaisir, Raymond Leblanc, directeur des éditions du Lombard, lui conseille de se lancer dans la BD animalière.
Ce sera Chlorophylle, dont le premier épisode, Chlorophylle contre les rats noirs paraît dans "Le Journal de Tintin" en 1955. Cette première histoire met en place des personnages et un décor que Macherot exploitera pendant trois ans et autant d'albums : un bosquet fleuri niché dans le bras d'une rivière où vivent en bonne intelligence tout un petit peuple de "minimes" : souris, hérisson, loutre, passereaux, bientôt confrontés à une horde déferlante de dangereux rats noirs. Courageux et un peu vantard, Chlorophylle — souris de son état — affronte victorieusement le rat Anthracite, réjouissant concentré de malfaisance auto-satisfaite, assurément un des "méchants" les plus réussis de la BD mondiale ! Échappant à la fois à la tradition moralisatrice des fabulistes et à l'univers gentillet de Disney, Macherot trace une voie originale dans le monde déjà très codé de la BD animalière. Il place résolument son lecteur "au ras des pâquerettes", mêle action, humour et poésie en un cocktail détonant.
Suivant son intuition mais également soucieux de diversifier sa palette, il invente en 1957 Le Père la Houle, intrépide vieux marin qui vit trois courtes aventures parodiques pleines de rebondissements, sans rencontrer de succès ni auprès des éditeurs, ni auprès du public. Macherot aura quand même eu l'occasion d'illustrer sa passion pour la mer et les marins.
La même année, il revient vers Chlorophylle qu'il transporte avec son copain Minimum dans l'île de Coquefredouille. Ce petit royaume paradisiaque inconnu des hommes abrite tous les représentants du règne animal dans une cohabitation harmonieuse, les carnivores ayant renoncé à dévorer les herbivores. L'inévitable Anthracite viendra semer le trouble dans cette société policée et très évoluée, mais Chlorophylle veille au grain. Pour deux albums, Les Croquillards et Zizanion le terrible, Macherot habille ses petites créatures comme des humains et se livre à une critique hilarante et très en avance sur son temps de la vie en société.
La charge semble avoir effarouché l'éditeur de l'époque, puisque en 1960, Macherot abandonne un temps Chlorophylle et Minimum et invente le colonel Clifton, militaire anglais en retraite. Avec ce moustachu flegmatique, Macherot rend un hommage malicieux à l'éternelle Albion, et se livre à une parodie narquoise des récits policiers "à l'anglaise".
Trois histoires paraissent dans "Tintin » (Les enquêtes du Colonel Clifton, Clifton à New York —réminiscence d'un voyage de Macherot aux USA — et Clifton et les espions). Une fois de plus, le succès n'est pas au rendez-vous. Macherot reprend l'infatigable Chlorophylle qui effectue en 1961 son retour au Val tranquille, pour deux courts épisodes d'où est absent Anthracite. Mais Macherot semble ne pouvoir longtemps se passer de l'affreux rongeur, qui revient bientôt dans La Revanche d'Anthracite, puis Chlorophylle à la rescousse.
A la suite d'un différend avec le Lombard, Macherot abandonne en 1963 "Tintin" et les séries qu'il y animait, qui sont rachetées par l'éditeur et confiées à de nouveaux dessinateurs. Il rejoint rapidement l'équipe de "Spirou", au sein duquel il compte de nombreux amis, tels qu'André Franquin et Will.
Il entame sa collaboration avec les éditions Dupuis en proposant Chaminou et le Khrompire que beaucoup considèrent comme son chef-d’œuvre. Reprenant l'idée d'une île peuplée d'animaux humanisés imaginée dans Zizanion et Les Croquillards, il se livre à une étincelante parodie d'histoire policière dont les héros sont le chat Chaminou et son "outrageusement belle, racée, spirituelle intelligente, cultivée..." secrétaire, Mademoiselle Zonzon. Le ton grinçant de cette histoire désopilante désoriente une fois encore l'éditeur et les lecteurs de "Spirou", et Macherot décide en 1965 de renouer avec un style de BD plus classique. Il invente alors la souris Sibylline, qui vit dans un terrier au bord d'une rivière et affronte sans merci son ennemi le rat noir Anathème...
On le voit, Macherot reprend le canevas de ses premières œuvres, tout en adoucissant son propos, destiné à des lecteurs plus jeunes que ceux de "Tintin". Il publie trois courtes histoires de Sibylline avant de dessiner l'excellent Pantoufle (où l'on retrouve d'ailleurs Sibylline) sur scénario de René Goscinny. La collaboration est sans lendemain, et Macherot reprend le personnage de Sibylline, dont il fait régulièrement paraître les aventures jusqu'au milieu des années 1980, avec l'aide ponctuelle de Paul Deliège pour les scénarios. La série se présente d'abord comme une variation divertissante sur des thèmes déjà traités dans Chlorophylle, puis se teinte de merveilleux (Sibylline et le petit cirque) pour aborder enfin les rivages d'un fantastique pour enfants parfois fort suggestif (Burokratz le vampire). Sans doute cette dernière évolution est-elle liée à la profonde dépression qui frappe Macherot à cette époque, et dont il se sortira péniblement au cours des années 70.
De 1970 à 1975, Raoul Cauvin lui fournit des scénarios pour une brève série d'histoires complètes mettant en scène le chat Mirliton, et Stephen Desberg prend la suite de Goscinny pour quelques courtes aventures, félines elles aussi, de Pantoufle.
En retrait de la profession, René Macherot mènera jusqu’à la fin de sa vie en 2008 avec son épouse une existence contemplative dans sa maison, perchée en haut d'une colline des environs de Verviers.
Retrouvez la liste des albums de Raymond Macherot disponibles à la bibliothéque de la Cité
Webographie Raymond Macherot
Un site lui est consacré par un fan : http://macherotbd.free.fr/
Macherot sur le site du Lombard : http://www.lelombard.com/auteurs-bd/macherot,99.html